Les aumôniers de prison : une solution miracle
Depuis quelques jours les aumôniers de prison semblent être la solution idéale pour
résoudre les problèmes de société dont la montée en puissance des radicaux musulmans.
A chaque attaque terroriste, le gouvernement promet d’augmenter le nombre d’aumôniers
musulmans et pense que la rencontre avec un aumônier est susceptible d’empêcher les
extrémistes de passer à l’acte ou d’éviter que, dans les prisons, l’on puisse se radicaliser.
Cette attente de la solution miracle mérite quelques remarques.
Tout d’abord il est faux de dire que c’est l’Etat qui va embaucher les aumôniers puisque que
c’est chaque religion qui propose la nomination d’aumôniers à l’Administration
pénitentiaire qui, après enquête, donne ou refuse l’agrément. Depuis des années l’ autorité
religieuse musulmane a beaucoup de mal à recruter des aumôniers faute de candidats, de
formation et d’avenir professionnel pour ceux qu’elle recruterait. Dire que l’Etat va recruter
des aumôniers musulmans est un contresens puisqu’en aucun cas ces aumôniers sont
fonctionnaires ou même agent contractuel de la fonction publique comme le sont les
aumôniers d’hôpitaux, voire les aumôniers militaires qui sont totalement intégrés à l’armée
avec grade et solde correspondants. L’état peut tout au plus augmenter le nombre de
vacations qu’elle octroît au culte musulman sans aucune garantie que cette augmentation
se traduira par le recrutement de nouveaux aumôniers. Les vacations de l’Administration
pénitentiaire n’offrant aucune couverture sociale elles ne peuvent être considérées comme
un salaire et permettre à la personne d’en vivre.
Deuxième point, l’aumônerie est une tradition chrétienne qui répond à une injonction du
Christ: “j’étais en prison et vous êtes venus me visiter (..) et dans la mesure où vous avez
fait cela pour l’un de ces plus petits, c’est à moi que vous l’avez fait”(Matthieu 25, ). A la
suite de cette parole des hommes et des femmes ont visité des prisonniers et l’aumônerie,
en tant que telle, a été créée en 1619 lorsque St Vincent de Paul est nommé aumônier
général des galères et fut donc le premier aumônier de prison à porter ce titre en France.
Aucun pays musulman n’a aujourd’hui une institution comme l’aumônerie de prison ;
l’accompagnement des prisonniers ne raisonne pas du tout de la même manière en
théologie musulmane qu’en théologie chrétienne. L’institution musulmane dans les pays
occidentaux s’est peu à peu familiarisée avec les principes de l’aumônerie et en a épousé
les formes et les pratiques mais sans en avoir l’arrière fond historique et textuel. Il faudra
donc du temps pour que cette tradition soit intégrée dans la théologie musulmane.